Trois fois la fin du monde de Sophie Divry #MRL18
Cette année encore, j’ai été sélectionnée pour participer aux Matchs de la rentrée Littéraire organisés par Rakuten #MRL.
J’ai choisi le roman de Sophie Divry car je ne connaissais ni l’auteur, ni la maison d’édition Noir sur Blanc dont Notabilia est une des collections.
Sa couverture épurée au maximum et sa 4ème de couverture m’ont attirée.
Bonne pioche cette année avec ce court roman qui se déroule dans un futur pas si lointain. Malgré quelques incohérences liées aux romans d’anticipation mais aussi parce que nous n’en sommes pas encore arrivés là, ce texte est très intéressant parce qu’il va, stylistiquement parlant, passer presque d’une extrême à l’autre.
Alors que le personnage central, Jo, va voir s’effondrer trois fois son monde, l’auteur va passer d’une narration à plusieurs personnages à une seconde avec un seul et unique personnage. De même, le roman commence avec un style dur et violent mais un peu léger, moins travaillé. L’auteur finalement ne s’attarde pas sur cette première partie.
La seconde partie du texte s’avère bien plus bucolique, poétique, parfois philosophique. Un retour à la nature et à la beauté simple des choses.
Quid du titre ? Jo va voir « son » monde, trois fois, s’écrouler.
Le premier c’est « l’avant ». Jeune homme d’à peine 20 ans, il décide de rendre service à son frère Tonio, délinquant, et de l’assister pour un braquage. Mais tout ne se passe pas comme prévu, Tonio est abattu par la police et Jo est arrêté. Fin du premier monde.
Jo est ensuite incarcéré dans une prison du Sud de la France. Là-bas règnent la brutalité, les humiliations. Il est battu, affamé.
Je rumine des scénarios de vengeance contre Dents-d’Acier, lui fracasser la gueule, lui arracher les dernières dents qu’il lui reste. Sans doute il s’est fait défoncer les ratiches par des détenus vénères. Je rumine, je rumine, tout en sachant que je ne pourrai rien faire, et que l’humiliation restera comme une épine enfoncée profond. Mais la haine est un vrai réconfort. Elle procure du plaisir. Elle court dans les vaisseaux comme un nouveau sang, elle donne envie de se battre.
Jusqu’au jour où a lieu une catastrophe nucléaire. Jo en profite pour s’évader. Sauf qu’il est le seul survivant. Ici s’achève son deuxième monde.
La mort vint un matin.
Il a suffi d’une longue fissure, d’une explosion. De l’air soufflant la mort par des rayons.
D’invisibles radiations et tout a commencé.
D’invisibles radiations qui très vite ont tué.
Et vos villes aux rues remplies de médisance, villes où les pauvres se recroquevillaient, où les mères vivaient le cœur intranquille et les riches jamais rassasiés, vos villes et tous ceux qui s’y trouvent, tous les cœurs, les bons et les fourbes : désertées.
Jo va devoir apprendre à vivre seul, sans électricité, sans télévision, sans les bruits qui nous entourent. Sa survie, il va la devoir à quelques animaux rescapés comme lui.
Une nouvelle version de « Seul au Monde » mais sans espoir de salut, un retour à la nature et à nos besoins fondamentaux, un texte qui peut parfois déranger un peu si on l’interprète mal, ce dernier monde de Jo est celui qui manque peut-être le plus de cohérence mais qu’importe, on partage la solitude et la souffrance de Jo. Et qui sait ce qu’il adviendra de nous quand cela se produira ?
A lire et à méditer pour balayer nos peurs et se préparer, au cas où.
4ème de couverture :
Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.
Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu’à la folie dans son îlot mental. Une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.
L’auteur :
Sophie Divry est née en 1979 à Montpellier et vit actuellement à Lyon. Son premier roman, La Cote 400 (Les Allusifs, 2010 ; 10/18, 2013) a été traduit en cinq langues. Chez Notabilia, elle publie Journal d’un recommencement en 2013, puis La Condition pavillonnaire en 2014, qui reçoit la mention spéciale du Prix Wepler. Il sera suivi de Quand le diable sortit de la salle de bain (2015 ; J’ai Lu, 2017) et d’un essai : Rouvrir le roman (2017 ; J’ai Lu, 2018). Trois fois la fin du monde est son cinquième roman. Sophie Divry est également chroniqueuse dans l’émission « Des papous dans la tête » sur France Culture.
Editeur : Noir sur Blanc (aout 2018)
Collection : Notabilia
ISBN : 978-2-88250-528-6
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Trois fois la fin du monde - Sophie Divry aux Éditions Noir sur Blanc - Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s'adapter. Il voudrait que ce cauchemar s'arrête.
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