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EVADEZ-MOI
17 octobre 2018

Harry et Franz de Alexandre Najjar

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Chose que je n’avais pas fait depuis des lustres : participer à une MassCritique Babélio.  Ça n’était pas une opération « polars » alors j’en ai profité pour cocher ce roman paru aux éditions Plon que je n’avais encore jamais lues. Finalement, ça a été une bonne pioche.

Ce roman est tiré de faits réels et les noms des personnages n’ont pas été changés.

Nous sommes en mai 1942. Harry Baur est alors un acteur français très connu ayant joué dans une multitude de films et de pièces de théâtre aux côtés des plus grands noms du cinéma d’avant-guerre. Suspecté de judaïsme sur dénonciation, lui et son épouse sont incarcérés par les allemands. Il est écroué à la prison du Cherche-Midi. Pendant plusieurs mois, il sera torturé, affamé, humilié.

Un prêtre allemand, Franz Stock, officie auprès des prisonniers français pour leur apporter réconfort mais beaucoup plus souvent les derniers sacrements avant qu’ils ne soient fusillés. Franz va être l’aumônier d’Harry pendant ses mois de captivité.

C’est par les mots de Franz que nous découvrons l’histoire de cet homme et à travers ce texte toute l’horreur de l’Occupation nazie pendant la guerre.  Les jugements basés sur des détails anatomiques, les dénonciations, les bassesses, la collaboration mais aussi la résistance, tout cela nous est, s’il en est besoin de le rappeler, relaté au travers de ce calvaire vécu par Harry.

Franz Stock était allemand mais il va se rendre compte des horreurs commises par son peuple et leur haine sans fondement basée sur la folie de quelques hommes.

J’ai du mal à croire que cet homme est bien le comédien respecté de tous et adulé par des milliers de cinéphiles. Toutes les fois que je le rencontre, un sentiment de honte m’envahit. Les boursouflures qui déforment ses traits me rappellent la férocité de mes compatriotes. Je me sens responsable de lui, sans être responsable de ce qu’il subit.

Bien que basé sur des faits réels, cela reste une fiction puisque nul ne sait rien des échanges réels entre Harry et Franz. Ici, le seul angle de vision est celui de Franz. Je regrette que celui d’Harry ‘ait pas été abordé. Celui qui partage pourtant la tête d’affiche reste en second plan.

Cependant, le message de ce roman porte surtout sur l’idée que tous les allemands n’étaient pas forcément des monstres et que certains ont même aidé des prisonniers français. On se posera la question en fin de roman sur la réelle tolérance de ce prêtre et sa compréhension de l’injustice dont est victime Harry.

L’injustice, la tyrannie, des thèmes évidemment très présents eux aussi.

Sous l’Occupation comme en dictature, la justice dérange car elle risque de fixer des limites à ceux qui ne veulent rien respecter et qui voient dans le pouvoir exorbitant dont ils disposent l’occasion de donner libre cours à leur sadisme. Alors, on la bâillonne, ou on la travestit en l’utilisant comme instrument de vengeance ou de répression.

En bref, ça a été une bonne découverte d’un petit pan de notre histoire qui, sans être d’un réel intérêt, et sans m’apporter une quelconque révélation, m’a fait découvrir deux personnages dont je n’avais jamais entendu parler mais qui semblent avoir laissé leur empreinte sur quelques noms de rues.

Ça manque un peu de profondeur mais reste agréable à lire.

 

4ème de couverture :

" – Dans notre travail, monsieur l'abbé, nous nous appuyons tout d'abord sur la rumeur, en partant du principe qu'il n'y a pas de fumée sans feu, puis nous l'étayons par des éléments de preuve réunis par nos soins.
– Et que dit la rumeur dans le cas de Baur ?
– Harry Baur a interprété des rôles de juifs dans plusieurs films, ce qui n'est pas anodin."

Harry et Franz est le roman d'une rencontre inattendue entre l'un des plus grands acteurs français de l'entre-deux-guerres, Harry Baur, incarcéré et torturé par les nazis, et un aumônier allemand, l'abbé Franz Stock, qui assistait avec abnégation les prisonniers français. 

Deux êtres d'exception, à la fois opposés et complices. Un hymne à la paix et à la fraternité à une époque où l'extrémisme, l'obscurantisme et l'arbitraire tenaient lieu de droit.

 

L’auteur :

Né au Liban en 1967, Alexnandre Najjar est l'auteur de plus de trente livres traduits dans douze langues, dont Le Roman de Beyrouth, le Dictionnaire amoureux du Liban, L'Ecole de la guerre et Berlin 36. Il a obtenu la première Bourse de l'écrivain de la Fondation Lagardère, le prix Méditerranée et le prix Hervé Deluen de l'Académie française pour son action en faveur de la francophonie. Avocat, il dirige aussi L'Orient littéraire.

 

  • Editeur : Plon (30 août 2018)
  • Collection : Roman
  • ISBN: 978-2259264990

 

 

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