Profil Perdu d'Hugues Pagan
Le pitch :
Schneider est flic à la crim, Meunier à la brigade des stupéfiants.
Le soir du réveillon 1979, Meunier se fait descendre alors qu’il n’est plus en service.
Schneider est chargé de l’enquête alors que son esprit est perturbé par la rencontre d’une femme qui le fait chavirer.
L’enquête se révèle vite plus complexe qu’elle en a l’air.
Mon avis :
Je découvre enfin (oui je sais, j’ai des lacunes) les romans d’Hugues Pagan que j’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois. Et quand on a rencontré le personnage, on s’attend à du polar sérieux. Eh bien, c’est largement le cas.
Même si ce roman est de facture assez classique, il est noir, très noir et laisse peu de place à un quelconque rayon de lumière.
Le scénario est très prenant, fait de mystères et de rebondissements, de révélations et d’amour aussi. Au-delà d’un polar, c’est également un roman d’amour, un amour passionnel comme on en lit peu.
Les personnages portent eux-mêmes une part d’ombre plus ou moins dosée. Schneider le premier, ancien des forces spéciales pendant la guerre d’Algérie où il a été grièvement blessé, il traine derrière lui des fantômes qui le hantent en permanence. C’est aussi ce qui lui donne une force de caractère incroyable, une ténacité sans égale. Cet amour qui va naître avec Cheroquee va faire ressortir chez lui son côté désespéré.
C’est un personnage complexe qu’on apprend à cerner au fil de l’histoire en découvrant certaines parties de son passé et ses relations avec Monsieur Tom, ancien avocat et impliqué dans tous les volets de l’enquête. Pour une fois le flic n’est ni divorcé, ni alcoolique mais intègre, honnête.
Meunier lui-même garde une part d’ombre et les circonstances de sa mort nous entrainent encore un peu plus dans la noirceur.
Quant à Cheroquee, c’est une femme pour le moins surprenante mais un personnage attachant.
En ce qui concerne le style, la plume est musclée et le langage propre à la profession et à l’époque. Pas de doute, l’auteur est un ancien flic, son expérience transpirant dans ce polar.
Ce que j’ai particulièrement aimé c’est cet esprit un peu rétro qui colle à la fin des 70’s dans les habitudes, les véhicules, les expressions. J’ai aimé cette ambiance noire comme si on déambulait une nuit d’hiver dans un brouillard humide et froid.
Voilà pour moi ce qu’est un vrai bon polar avec des personnages à qui l’auteur a réussi à donner une véritable âme et une histoire faite de tiroirs secrets.
La vie n’est pas faite de mystères : seulement d’énigmes, que l’on finit toujours par résoudre un jour ou l’autre. Ou pas. Une énigme non résolue reste une énigme. Seule la mort est un mystère.
4ème de couverture :
On retrouve Schneider, le flic désabusé et sans prénom de La Mort dans une voiture solitaire et de Boulevard des allongés. Fanatique de Virginia Woolf et écorché vif, hanté par la mort d'une femme, l'inspecteur principal Schneider, chef du Groupe criminel hante la ville tel un fantôme à bord de sa Lincoln Continental. Il entretient des relations compliquées avec un « Monsieur Tom », ex-avocat d'Assises et homme d'affaires pas toujours recommandable. Il doit aussi enquêter sur la tentative de meurtre qui a laissé son collègue Meunier des Stups entre la vie et la mort. Voici le grand retour d'Hugues Pagan après presque 20 ans d'absence de la scène littéraire (il a occupé activement la scène audio-visuelle pendant ce temps). Ses livres sont d'impressionnantes radiographies de la vie des flics, telles qu'on n'en a jamais lues avant lui, mais aussi des uvres bouleversantes d'humanité. Alternant crudité et lyrisme, élégance classique et gouaille de la rue, son écriture virtuose et sa musique bluesy s'insinuent dans les tripes du lecteur et nous parlent de l'essentiel : le tragique de la condition humaine.
L’auteur :
Hugues Pagan est un écrivain et scénariste français né en 1947 à Orléansville en Algérie.
Il a 16 ans quand il doit quitter l’Algérie. Il dira qu’il n’a « jamais quitté l’Algérie », « jamais quitté l’Afrique ». Il passe soudainement des grands espaces à Vesoul, une petite ville de la métropole. Quatre ans plus tard, il entre dans l’enseignement et devient professeur de philosophie à Gérardmer dans les Vosges puis à Dijon. Il quitte l’enseignement en 1968, puis exerce divers métiers les années suivantes : journaliste, attaché bancaire, photographe pour un journal local… Il passe des concours administratifs et lui, le soixante-huitard, est reçu brillamment au concours d’inspecteur de police, une fonction qu’il va occuper pendant une dizaine d’années.
Il commence à publier ses premiers romans policiers en 1982 en s’inspirant de ses multiples expériences, souvent difficiles, dans les Renseignements Généraux, à L’École des Inspecteurs, à la coordination technique de la Police Nationale, au sein de la Police Judiciaire de Paris…
Le romancier est aussi scénariste de films et de séries pour la télévision, créateur et scénariste de la série Mafiosa, le clan, scénariste de la série Nicolas Le Floch adaptation des ouvrages de Jean-François Parot.
Hugues Pagan, un talent particulier dans le paysage du roman policier français, a été élevé au rang de Chevalier des arts et des lettres en 1998
Il revient au roman en 2017, 20 ans après son dernier ouvrage, avec Profil perdu, toujours chez son éditeur Rivages/Thriller.
(Source Toulouse Polars du Sud)
- Editeur : Rivages (14 mars 2018)
- Collection : Rivages/Noir
- Prix : 8.90 €
- ISBN: 978-2743643362
- Primo édition : Rivages 22/03/2017
En cette soirée de réveillon de l'année 1979, un inspecteur du Groupe stupéfiants interroge Bugsy, dealer connu des services, à propos d'une photo représentant une jeune femme. Le dealer ne dira rien, sinon qu'il faut " demander à Schneider ". Schneider est le chef du Groupe criminel.
http://www.payot-rivages.fr