Scalp de Cyril Herry
Le pitch :
Hans a neuf ans quand sa mère lui apprend que son père biologique n’est pas celui qui l’a élevé. Son beau-père parti, ils partent tous les deux à la rencontre d’Alex, ce père mystérieux qui vit dans une yourte au bord d’un lac cerné par la forêt. Mais lorsqu’ils arrivent à destination, Alex n’est pas là.
Mon avis :
Je trouve que nous avons beaucoup de chance. Oui, vous et moi.
On a la chance d’avoir des romans beaux et bien écrits.
On a la chance d’avoir des auteurs français qui n’ont rien à envier aux autres.
On a la chance de pouvoir lire de belles histoires dans de beaux décors.
Ce roman débute comme un « nature writing ». Un roman du genre est un récit qui fait de la nature et des grands espaces des éléments essentiels, une sorte de personnage principal.
Ici, Hans et sa mère vont découvrir l’environnement dans lequel vit Alex. Une yourte sans eau courante ni électricité. Pas de téléphone, pas d’internet, juste la nature et ce qu’elle a offrir.
Hans va découvrir qu’elle peut être riche, amicale ou dangereuse cette nature, un vaste terrain pour son imagination exacerbée par son excitation à rencontrer ce père dont il a déjà fait un héro.
En totale opposition à sa mère, Hans est un garnement têtu et imprudent. Mais la nature va aussi lui apprendre ses lois, sans compter sur les habitants du coin fort peu accueillants.
Les parois de l’imaginaire avaient cédé comme un barrage sous la pression d’une eau réelle, glacée, et le paysage s’assombrissait comme sous le coup d’une éclipse. Une peur tenait Hans – il ne sut pas nommer autrement l’origine de la douleur qui lui tordit le ventre le soir venu. Une peur conjuguée à une excitation sans précédent.
Puis vient une seconde partie avec l’arrivée d’Alonso qui semble bien connaitre Alex. Et le roman « naturaliste » se transforme en un roman noir de plus en plus sombre. Les pires défauts des habitants des villages reculés explosent, les préjugés, la haine de l’étranger, la sous-mission aussi aux figures politiques locales, la bêtise aussi.
En réalité, ils voulaient voir ce que le Manouche pouvait fabriquer dans la forêt, sans eau, sans électricité, à l’abri des regards. C’était inhabituel, suspect, il fallait alimenter les ragots. Mais le pire, c’est que ces curieux-là ne lui posaient jamais les questions qui leur rongeaient l’esprit. Ils s’en tenaient à des politesses et à du superflu : les champignons, le temps qu’il faisait, le temps qu’il allait faire, les nuits qui se rafraîchissaient, et cætera. Dans son dos, par contre, ça y allait : le Manouche ne payait pas d’impôts et il passait la plus grande partie de son temps à bricoler dans son coin. Un paresseux, un bon à rien… Pas un seul pour oser dire qu’il était sympathique et n’ennuyait personne.
Je n’ai pas lu le précédent roman de Cyril Herry, L’Héritage Werther (éditions Cursinus, 2014) et je découvre un auteur visiblement amoureux de la nature qui nous la conte toute en sons et en couleurs. Un auteur qui manie le Noir avec tout autant de talent. J’ai retrouvé la beauté d’un « Dans la Forêt » de Jean Hegland (Gallmeister), la noirceur d’un « En Mémoire de Fred » de Clayton Lindemuth (Seuil collection Cadre Noir).
Une magnifique découverte.
4ème de couverture :
« Même si n’importe quel bout de terre ici-bas appartient toujours à quelqu’un, la forêt reste la forêt : pas celle des hommes, celle des mythes ; celle des rêves et des peurs. On aura toujours peur au fond des bois à la nuit venue, quoi qu’on dise. »
Hans a neuf ans. Et sa vie va basculer deux fois en l’espace de soixante-douze heures : la première quand sa mère lui annonce que l’homme auprès de qui il a grandi n’est pas son père. La deuxième quand sa mère décide qu’il est temps pour lui de partir à la rencontre du vrai, de celui qui s'en est allé il y a dix ans, Alex, qui vit maintenant en pleine forêt, loin des hommes, à quelques centaines de kilomètres de là.
L’auteur :
Cyril Herry habite en Haute-Vienne, où il aime marcher dans les bois, pour mieux s’arrêter, parfois, et construire des cabanes. Scalp, huis clos à ciel ouvert aussi émouvant que glaçant, est son premier roman au Seuil.
Il officie également à La Manufacture de Livres en tant que directeur de collection Territori.
Editeur : Seuil
Collection : Cadre Noir
Date de parution : 01/02/2018
Prix : 18.00 €
Isbn : 9782021384093
Scalp, Cyril Herry : " Même si n'importe quel bout de terre ici-bas appartient toujours à quelqu'un, la forêt reste la forêt : pas celle des hommes, celle des mythes ; celle des rêves et des peurs
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