Jake de Bryan Reardon
Je m’appelle Simon Connolly. Vous avez peut-être entendu parler de mon fils Jake. Comme la plupart des gens. Mais en réalité personne ne le connait. Pas vraiment.
Ainsi commence ce roman de Bryan Reardon.
On a tous vu aux infos des reportages sur des fusillades aux Etats-Unis, sur des attentats en France ou ailleurs, perpétrés par des jeunes. On a tous réagi ou vu réagir des personnes de façon haineuse envers les parents. Toujours la même réaction : les enfants sont comme on les élève, les parents savaient forcément, ils sont donc complices. Oui, on l’a tous pensé, au moins un peu, à un moment ou à un autre.
Simon est un père au foyer, sa femme Rachel est avocate. Ils ont décidé que Simon resterait à la maison pour s’occuper de Jake et de sa sœur. Quand une fusillade éclate dans le lycée de ses enfants, Simon se précipite sur les lieux, terriblement inquiet. Mais si sa fille est saine et sauve, Jake est introuvable. La police accuse Jake d’être le deuxième tireur, le complice de Doug qui s’est donné la mort à la fin de la fusillade.
Simon va alors vivre les pires journées de sa vie et revivre ces instants de l’enfance de Jake pour essayer de comprendre ce qui se passe.
« Pendant un bref instant, mes idées s’éclaircissent. Je me demande sur quoi se fonde ma réflexion. Je me demande quelles connaissances préalables je peux bien avoir d’une situation pareille. Viennent-elles du cinéma ? De la télévision ? De la littérature ? Dans ces histoires, tout ne serait qu’action dramatique, décisions de vie ou de mort, découvertes sensationnelles. Ce n’est pas comme cela que ça se passe en réalité. C’est plutôt la conjoncture qui mène la danse. On nous emmène d’un point à un autre. Je dois me battre, sortir du cadre, imposer mon propre tempo. C’est mon seul espoir de retrouver mon fils. Je ne cèderai pas, je n’abandonnerai pas. »
Et l’écriture de Bryan Reardon est tellement vraie, tellement simple en fait, que peu à peu, on « devient » Simon. A travers lui, on revit l’enfance de Jake comme si on l’avait nous même vécue. On s’attache énormément à cet enfant, à ce personnage cruellement absent dans cette histoire.
On va ressentir la douleur, le chagrin, les doutes, la peur et la colère de Simon. Ce qu’il va devoir endurer pendant les jours qui suivent la fusillade est inconcevable. Mais l’auteur arrive à nous le faire vivre tellement intensément que j’ai eu bien du mal à terminer les derniers chapitres tant mon regard était flouté par les larmes. Car, je dois l’avouer, je n’ai jamais autant pleuré qu’en lisant ce roman. Il vous tord les tripes et vous écrase le cœur. Je défie quiconque d’y rester insensible !
Pour ma part, c’est un roman que je n’oublierai pas mais que je serai incapable de relire tant il m’a bouleversée par son réalisme et le message qu’il transmet.
On est prompt à juger quand on est derrière son écran de télévision. On accable et condamne sans réfléchir quand on est en souffrance. Est-ce qu’on connait bien ses enfants ? Sa famille ? Nos certitudes sont-elles des leurres ? L’amour est aveugle, dit-on.
Ce roman nous rappelle aussi que tout ce qu’on peut entendre des les journaux télévisés ou qu’on peut lire dans la presse écrite nous influence énormément dans nos jugements, nous fait douter, nous transforme en juges et bourreaux parfois.
Il est des personnages qu’on s’est tellement appropriés qu’il est difficile de les laisser et de refermer leur histoire. Jake et Simon sont de ceux-là. Moi, je ne les oublierai pas et je vous les confie.
Un vrai et grand coup de cœur.
4ème de couverture :
Simon Connolly est l’heureux père de deux enfants, Jake et Laney. Sa situation d’homme au foyer est pour le moins originale et Simon n'est pas toujours très à l’aise dans ce rôle. Mais, cahin-caha, la famille coule des jours paisibles… Jusqu’au matin où Doug Martin-Klein, un gamin insociable dont Jake est le seul copain, tire sur plusieurs camarades de classe avant de se donner la mort.
Les survivants et les blessés sont peu à peu évacués, mais Jake est introuvable. Et très vite soupçonné d’être le complice de Doug.
Commence alors pour Simon une véritable descente aux enfers. Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver? Comment a-t-il pu ne rien entrevoir du drame qui se profilait? Jake est-il coupable? Où est-il passé?
L’auteur :
Bryan Reardon a suivi des études de psychologie à l'université Notre-Dame, dans l'Indiana, et vit désormais avec sa femme et ses enfants en Pennsylvanie, où il est auteur free-lance spécialisé dans les publications médicales. Jake est son premier roman à paraître à la Série Noire.
Traduction : Flavia Robin (traduit de l’Américain)
Editeur : Gallimard
Collection : Série Noire
ISBN : 9782070147243
Prix : 21€
Simon Connolly est l'heureux père de deux enfants, Jake et Laney. Sa situation d'homme au foyer est pour le moins originale et Simon n'est pas toujours très à l'aise dans ce rôle. Mais, cahin-caha, la famille coule des jours paisibles...
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