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2 février 2018

Sale Boulot de Larry Brown

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Le pitch :

Deux hommes se retrouvent hospitalisés dans le même hôpital pour vétérans. Tout deux ont été grièvement blessés. Ne pouvant se déplacer, ils vont se raconter leur vie d’avant, leur guerre et leur futur tel qu’ils l’imaginent.

 

Mon avis :

Larry Brown va vous faire voir la guerre du Vietnam comme vous ne l’avez sans doute jamais vue. Mais ce n’est pas un énième roman sur cette guerre qui a traumatisé l’Amérique, loin de là.

Ici, nous faisons la connaissance de deux hommes détruits dans leur chair et dans leur cerveau.

Le premier est noir, il a été amputé des deux bras et des deux jambes. Homme tronc cloué sur un lit d’hôpital depuis 22 ans, il n’a plus guerre d’espoir en son avenir. Il va raconter sa jeunesse dans les champs de coton, une vie simple. Il va surtout écouter son voisin de lit.

Celui-ci est blanc et a été défiguré. Très instable psychiquement, il va raconter de façon chaotique sa jeunesse sans un père, en prison pour meurtre, sa rencontre avec Beth qu’il ne cesse d’attendre.

Larry Brown nous offre deux personnages aux antipodes d’un Chris Kyle dans le roman American Sniper. On est très loin ici du héro patriotique, symbole de l’Amérique toute puissante.

Braiden et Walter n’ont pas voulu de cette incorporation faite à coup de tirages au sort. Ils ne voulaient tuer personne mais encore moins se faire tuer.

Ça fait quelque chose de tuer quelqu’un. Je parle pas d’un chien. Quelqu’un. Une personne, qui parle comme toi, qui mange comme toi, qui a une cervelle comme toi. Une âme comme toi. Et chacun a une façon différente de l’assumer. Parce que c’est pas facile à assumer. C’est un truc que t’oublies pas. Quand t’appuies sur la détente, t’appuies pour l’éternité. C’est pas comme larguer une bombe, quand t’es haut dans le ciel et que tu vois pas ce que ça fait en bas, même si tu sais que ça fait des dégâts.

Tu regardes quelqu’un dans les yeux, puis tu le tues, t’oublies pas ces yeux là. T’oublies pas que t’es la dernière chose qu’il a vue.

Braiden est un noir américain et dans les années 60, la ségrégation existe encore. Walter est un blanc très loin des gosses de riches des beaux cartiers. On sent encore dans les paroles de Walter cette différence faite au nom d’une couleur de peau.

L’auteur aborde aussi ce qu’il est advenu de ces soldats revenus mutilés et entassés dans des hôpitaux militaires, certains attendant juste que la mort les libère. C’est le cas de Braiden qui n’a d’autre moyen d’oublier que de se réfugier dans ses rêves d’Afrique et de chasse au lion. Walter, lui, perd la raison et se soigne à coup d’alcool et de shit.

Ils se sentent seuls et abandonnés à leur sort.

Le monde est trop grand. Les gens ne savent pas ce que font les autres. Comment tu veux te tenir au courant de tout ce qui se passe ? Y a trop de choses, et trop de gens. Tout ce que tu peux connaitre du monde, c’est la petite place riquiqui que tu occupes.

Ce roman est si empli de messages et de phrases qui nous touchent qu’on voudrait faire de chaque ligne une citation.

L’auteur réussi à ne pas nous faire sombrer dans la compassion. Il nous informe, nous montre une autre vérité, celle qui est restée cachée.

Comment ne pas penser à ces images de vétérans vivants dans la rue parce que leur si grand pays n’avait rien à leur offrir quand ils sont rentrés.

Il est clair que l’opposition à cette guerre est très forte dans ce roman, tout comme la mobilisation l’avait été à l’époque.

On ressent encore plus l’inutilité de cette guerre, mais existe-t-il une seule guerre qui ait été utile ?

Oubliez toute les fables qu’on vous a contées à coups de Rambo et autres américains tout puissants et découvrez un autre point de vue, qui, sans aucun doute, élargira le vôtre.

 

4ème de couverture :

Braiden Chaney n'a plus ni jambes ni bras. Walter James, lui, n'a plus de visage. Ils les ont tous deux perdus au Viêt-Nam. L'un est noir, l'autre est blanc. Vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvent dans la même chambre d'un hôpital pour vétérans du Mississippi. Au fil d'une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus, ce qu'ils pourraient devenir et, surtout, ce qu'ils attendent l'un de l'autre. En une nuit, tout est dit sur la guerre – seul lien entre ces deux hommes que tout oppose – et ce qu'elle fait subir aux soldats. En une nuit, tout est dit sur la souffrance, la mort et la compassion.

 

L’auteur :

LARRY BROWN (1951-2004) est né et a vécu dans le Mississippi, près d'Oxford. Il a exercé des métiers aussi divers que bûcheron, peintre en bâtiment ou droguiste, puis pompier pendant dix-sept ans, avant de se consacrer uniquement à la littérature. Il est le seul écrivain à avoir reçu à deux reprises le prestigieux Southern Book Award for Fiction.

 

Traduit de l’américain par Francis Kerline

Editions Gallmeister

Collection Totem

1er Février 2018

ISBN 9782351785775

Prix : 8.20 €

Premières parutions :

1997 chez Gallimard

2002 chez Folio Policier

 

Sale boulot - Larry Brown - éditions Gallmeister

Deux vétérans détruits par la guerre du Viêt-Nam se retrouvent vingt-deux ans plus tard dans la même chambre d'hôpital. En une nuit, tout ser...

http://www.gallmeister.fr



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