L'Essence du Mal de Luca D'Andrea
2015. Jeremiah Salinger est, avec son ami Mike, réalisateur de documentaires.
Alors qu’ils travaillent sur un film montrant les exploits des sauveteurs en montagnes dans le sud de l’Allemagne, Salinger est victime d’un accident dont il sera le seul survivant. Hanté par cet évènement, il se retranche avec sa femme et sa fille à Siebenloch, dans les Dolomites, où vit le père d’Annelise, la femme de Jeremiah.
Un soir, Werner, le père d’Annelise, raconte ce qu’il s’est passé 30 ans auparavant, pendant une tempête. 3 Jeunes avaient été sauvagement assassinés. Salinger va alors se lancer à corps perdu dans une quête de la vérité concernant ce triple meurtre, jamais élucidé.
Mon avis :
Luca D’Andrea nous offre là un thriller remarquable et d’un très haut niveau qualitatif.
La trame de cette histoire est d’une architecture rarement aussi travaillée dans le genre. Tout est orchestré au millimètre et avec brio. Aucune incohérence de script, tout se tient et nous tient du début à la fin et les rebondissements ne manquent pas. Impossible d’avoir la moindre idée du dénouement de l’histoire.
Lorsqu’en première partie, nous découvrons l’histoire que raconte Werter à Jeremiah, nous sommes déjà happés par cette histoire et seule reste l’envie de découvrir, nous aussi, toute la vérité.
Nous étions pétrifiés, Jeremiah, murmura Werner. Cette horreur était entrée en nous et ne voulait plus repartir. Je ne veux pas être morbide, mais ce que nous avons vu était si peu naturel et tellement mauvais, oui, mauvais, que nous avons perdu notre bon sens. J’y ai souvent réfléchi au fil des ans, tu sais ? Je crois que Max, Günther, Hannes et moi avons laissé un bout de notre âme, ce jour-là dans le Bletterbach. Ce jour-là et la nuit suivante.
L’aspect psychologique des personnages a une très grande importance dans le déroulé de ce roman et l’auteur a particulièrement réussi à la cerner et à nous la faire aborder, puis assimiler.
L’écriture est efficace et ne s’encombre d’aucune longueur tout au long de ces 453 pages.
Ce roman est glaçant. De par son décor tout d’abord : les montagnes, l’hiver, la pluie, la neige, la glace, de quoi frissonner rien qu’en tournant les pages.
Le récit ensuite, d’une noirceur implacable début sur un accident en haute montagne puis enchaîne sur un massacre 30 ans auparavant.
Même les personnages ne sont pas particulièrement chaleureux, mais chacun a son importance.
On retrouve aussi un aspect que l’on observe plutôt dans les romans noirs : une communauté isolée qui déteste les étrangers, une communauté où les secrets restent bien enfouis, génération après génération.
Sont également abordés les thèmes de l’avant et de l’après Mur de Berlin avec l’ouverture à l’Ouest de ces régions restées longtemps cachées derrière ce mur réel ou virtuel. Les mentalités ont dû s’adapter, changer, s’ouvrir.
Ce que l’on note surtout c’est que, contrairement aux autres thrillers, l’action n’est pas essentiellement focalisée sur le ou les tueurs, mais d’avantage sur les victimes, sur Jeremiah, sa famille et tous les habitants de Siebenloch. Le personnage principal développe une obsession destructrice pour les évènements du passé, à un tel point, qu’il en devient le thème central du roman.
Quand on sait que ce roman est le premier de l’auteur, on ne peut que rester admiratif. Pour ma part, je suis bluffée par le talent de cet auteur et de la traductrice : Anaïs Bouteille-Bokobza.
4ème de couverture :
En 1985, dans les montagnes hostiles du Tyrol du Sud, trois jeunes gens sont retrouvés morts dans la forêt de Bletterbach. Ils ont été littéralement broyés pendant une tempête, leurs corps tellement mutilés que la police n’a pu déterminer à l’époque si le massacre était l'œuvre d’un humain ou d’un animal.
Cette forêt est depuis la nuit des temps le théâtre de terribles histoires, transmises de génération en génération.
Trente ans plus tard, Jeremiah Salinger, réalisateur américain de documentaires marié à une femme de la région, entend parler de ce drame et décide de partir à la recherche de la vérité. À Siebenhoch, petite ville des Dolomites où le couple s’est installé, les habitants font tout – parfois de manière menaçante – pour qu’il renonce à son enquête. Comme si, à Bletterbach, une force meurtrière qu’on pensait disparue s’était réveillée.
Et découvrez les 20 premières pages ici :
En 1985, dans les montagnes hostiles du Tyrol du Sud, trois jeunes gens sont retrouvés morts dans la forêt de Bletterbach. Ils ont été littéralement broyés pendant une tempête, leurs corps tellement mutilés que la police n'a pu déterminer à l'époque si le massacre était l'œuvre d'un humain ou d'un animal.
http://www.denoel.fr
L’auteur :
Luca D’Andrea est considéré comme un petit génie du polar en Italie. L’Essence du Mal est son premier roman.
Editeur : Denoël
Traduction: Anaïs Bouteille-Bokobza
464 pages, 21.90 €
ISBN : 9782207135785
Pays : Italie
Collection Sueurs Froides
Parution : 26-10-2017