Ne dis rien à papa de François-Xavier Dillard
Voici un roman dur à résumer, en tout cas dans son entrée en matière, car ça part un peu dans tous les sens.
La mise en bouche : une victime est enterrée vivante après avoir été blessée. Elle arrive à se sortir de la tombe qu’on lui avait creusée dans un jardin et va passer plusieurs jours dans une maison vide avant d’être secourue par la police.
Ailleurs, Fanny, auteure de livres sur les plantes et mariée à un peintre, est la mère de deux jumeaux. S’installe un jour à côté de chez eux Glenn, un pianiste renommé.
En France, des médecins sont torturés et assassinés les uns après les autres. La police va alors mener l’enquête et tenter de trouver le lien entre ces médecins. Cela les conduira à relier ces meurtres à un massacre, plus ancien, perpétré par une mère de famille.
Mon avis :
Plusieurs angles pour des histoires qui finiront par être liées, plusieurs époques et autant de lieux pour tenter de « perdre » le lecteur, voici encore un thriller sous forme de puzzle, style très prisé par les auteurs de thrillers ces derniers temps.
Une histoire pimentée de scènes violentes : mutilations, cruauté sur animaux, des enfants abattus ou pas franchement équilibrés, de quoi faire frissonner tout amateur de thriller.
Oui mais… pas moi.
Bien que l’écriture soit agréable et rythmée, les chapitres courts rendant cette lecture assez rapide, je n’ai pas été séduite.
Pour moi, il y a trop d’incohérences, ne serait-ce que par la scène d’introduction. Je n’entre pas dans les détails pour ne pas spoiler, mais c’est juste plus qu’improbable. Alors peut-être que ce n’est pas forcément ce que l’on recherche et qu’il faut juste se laisser porter par l’histoire.
Certaines scènes comme celles touchant des animaux sont, à mon avis, complètement inutiles, si ce n’est pour apporter un peu de « glauque » à ce roman. Certains lecteurs plus sensibles que d’autres peuvent mal le supporter, bien que ces scènes ne soient pas en elles-mêmes trop violentes.
Les personnages auraient mérité d’être un peu plus « fouillés » au niveau psychologique pour pouvoir mieux comprendre certaines articulations du récit. Les décors manquent de détails pour pouvoir bien se représenter l’action.
L’histoire en elle-même n’est pas non plus originale et j’avoue ne jamais avoir été surprise. On a là une histoire de mère commettant un infanticide et ayant reconstruit sa vie ailleurs en faisant table rase du passé.
Le personnage de Fanny, central dans ce roman, est particulièrement survolé. L’aspect psychologique de ses sentiments, de ses actes, est à peine abordé ce qui la rend indifférente à nos yeux. On ne peut ressentir ni empathie, ni animosité à son égard.
Les deux personnages les plus intéressants seraient Victor et Arno, les jumeaux de Fanny. Mi-ange, mi-démon, l’un renfermé et sensible, l’autre exubérant et pervers.
Pour résumer, c’est un roman qui se lit facilement mais où il ne faudra chercher ni message, ni cohérence.
Extrait :
La chambre est encore sombre, leur père n’est toujours pas venu les réveiller, ce dimanche matin, et la maison est silencieuse. Victor est sorti de son lit, il est monté dans l’atelier puis est resté pendant presque vingt minutes devant la grande toile que Mickael est en train de peindre pour le ministère de la culture. Il ne trouve pas ça très beau, il trouve qu’il y a trop de couleur, trop de bonheur dans ce tableau. Il n’aime pas ces représentations heureuses, ces explosiions de peinture, comme des cris de joie. Ce n’est pas la vie, ce n’est pas vrai. Sa mère lui a déjà dit, elle le lui a toujours répété, depuis qu’il est tout petit :
- Tu sais, mon chéri, il faut toujours se préparer au pire, à vivre des choses difficiles. Tu es encore un enfant mais tu dois savoir. Tu dois être fort, pour ton frère, pour ton père, pour moi. Peut-être qu’un jour nous serons séparés. Souviens-toi ce jour-là que ta maman t’aime et t’aimera toujours.
4ème de couverture :
L'instinct maternel est l'arme la plus puissante au monde. Surtout quand on la retourne contre ses propres enfants.
Quatre jours et quatre nuits se sont écoulés avant que la police ne retrouve la victime dans cette ferme isolée. Quatre jours et quatre nuits de cauchemars, de douleurs et de souffrances, peuplés de cris et de visons imaginaires en face de ce jardin dans lequel elle a été enterrée vivante.
Sur un autre continent, loin de cet enfer, Fanny vit avec son mari et leurs jumeaux Victor et Arno. Leur existence bien réglée serait parfaite si elle ne percevait pas, au travers des affrontements qui éclatent sans cesse entre ses enfants, chez l'un, une propension à la mélancolie et, chez l'autre un véritable penchant pour le mal. Chaque jour elle se dit qu'elle ne pourra plus supporter une nouvelle crise de violence, ces cris qui la replongent au cœur d'images qu'elle voudrait tant oublier... À n'importe quel prix...
Et lorsqu'un nouveau voisin s'installe dans la grande maison, elle souhaite offrir le portrait d'une famille parfaite. Mais chaque famille a son secret et le sien est le plus terrible qui puisse exister.
L’auteur :
François-Xavier Dillard est né à Paris en 1971. Après Austerlitz 10.5 (Belfond, 2016), Ne dis rien à papa est son quatrième roman.
- Broché: 320 pages
- Editeur : Belfond (15 juin 2017)
- Prix : 18.50 euros
- ISBN: 9782714476234