Au Scalpel de Sam Millar
Dorothy, une petite fille, est enlevée, la nuit, à son domicile. Le kidnappeur met ensuite le feu à la maison, entraînant la mort des parents et de la petite sœur de Dorothy.
Elle se retrouve bientôt enchaînée à Tara, une fugueuse, elle aussi séquestrée par Scarman, dans une vieille maison.
Karl Kane, détective privé, est engagé par les grands parents de Dorothy, qu’ils croient morte, pour prouver que l’incendie était criminel et non une négligence du père de famille.
Karl est déjà occupé avec un malfrat anglais notoire, Butler, à qui il a donné une sacrée correction, et qui n’a pas l’intention d’en rester là.
Quand Karl commence à recevoir de drôles de messages, son passé ressurgit, la mort de sa mère, et le souvenir de son assassin, Walter Arnold.
Sans le savoir, Karl va suivre un jeu de piste qui le conduira tout droit dans le piège de Walter.
Mon avis :
Je découvre Karl Kane, personnage phare de Sam Millar, sur le tard.
Le personnage en lui-même ne se démarque pas des autres personnages de détectives privés : torturé, n’ayant pas de bonnes relations avec les flics, divorcé, à la colle avec une femme plus jeune, alcoolique et/ou shooté aux médicaments, un peu obsédé par le sexe, bref, rien de bien original.
Ce qui va faire de ce polar, somme toute classique, un très bon polar, c’est vraiment la qualité de l’écriture.
L’auteur a construit son roman comme deux histoires parallèle.
On suit, tour à tour, Karl dans ses déboires avec Butler, un malfrat à qui une de ses amies a dérobé une montre très chère et à qui Karl a donné une correction musclée ; puis Dorothy et Tara, toutes deux séquestrées par un homme, Scarman, dans une vieille maison, sans nourriture, dans des conditions terribles pour des enfants.
L’auteur va peu à peu rapprocher ces deux histoires de façon subtile.
Du rythme et des chapitres courts font que ce roman se lit très vite.
Gros point fort, même si vous n’avez pas lu les précédentes aventures de Karl Kane, vous pouvez sans problème lire celui-ci en one-shot, ce qui n’est pas forcément le cas pour les séries d’autres auteurs.
Par contre, il faudra qu’on m’explique le titre en français… rien à voir avec l’histoire. Le titre anglais « past darkness » (qu’on peu traduire par « la noirceur du passé ») était parfait… reste la superbe couverture de la collection Cadre Noir.
Un polar qui reste « tout public » mais d’un bon niveau. A consommer sans modération.
Extrait :
Il quitta la chambre aussi silencieusement qu’il y était entré, et c’est seulement à cet instant que la jeune fille cessa de faire semblant, qu’elle souleva le rideau de ses paupières.
Son regard était plein de peur et de fatigue, mais aussi quelque chose de pas vraiment normal, qui émanait du plus profond d’elle-même : une noirceur sinistre s’éveillant lentement, mettant au jour un passé fait d’horreurs. Peut-être l’avertissement de terribles choses à venir ; sur le point d’être lâchées dans la folie meurtrière en train de se préparer pour ceux qui vont mourir ou qui vont être tués.
4ème de couverture :
Karl Kane, l'irréductible privé de Belfast, est confronté à Walter Arnold, l'homme qui a brutalement assassiné sa mère sous ses yeux, quand il était enfant, avant de le laisser pour mort à côté du cadavre. Quand une très jeune fille disparaît après l'incendie suspect de la maison familiale, Kane le soupçonne aussitôt. De fait, Arnold, inexplicablement libéré après de nombreuses années en prison, séquestre l'adolescente ainsi que Tara, une proie moins innocente qu'il y paraît : elle s'est échappée de Blackmoore, une institution pour jeunes personnes " à problèmes ", après avoir trucidé l'aumônier, un vrai porc, avec des aiguilles à tricoter (viser les yeux !). Walter Arnold travaille à la terreur, au scalpel et à la violence démente. L'ultime combat entre les deux hommes se révélera sauvage et impitoyable. Sans concession mais éclairé par un humour grinçant, Au scalpel est le plus noir et le meilleur roman de la série.
L’auteur :
Né à Belfast en 1958, Sam Millar a fait de la prison en Irlande du Nord comme activiste politique, et aux États-Unis comme droit-commun. Gracié par le président Clinton, il rentre au pays et devient écrivain. Son récit autobiographique, On the Brinks, a marqué les esprits. La série Karl Kane se signale par un humour noir corrosif.
Editions Seuil, collection Cadre noir
Date de parution 06/04/2017
20.00 €
288 pages
ISBN 9782021314151