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EVADEZ-MOI
5 février 2017

Abattez les grands arbres de Christophe Guillaumot

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Si je ne devais vous conseiller qu’un seul polar, là, tout de suite, ça serait Abattez les grands arbres.

Ce roman n’est pas juste un polar, c’est beaucoup plus que ça.

Bon d’accord, c’est d’abord un polar. Lors d’une perquisition dans l’appartement d’un dealeur, un des membres de la brigade des stups de Toulouse, Donatelli, découvre dans l’appartement voisin un véritable carnage. Ses occupants ont été massacrés à la machette. Cette affaire est confiée à la Crim’ dont fait partie Jérôme Cussac, surnommé Numéro Six.

Donatelli décide d’enquêter sans en avertir sa hiérarchie. Bientôt, Six et lui vont devoir affronter le passé des victimes et se battre contre bien plus fort qu’eux.

L’intrigue est parfaitement maîtrisée, riche en ramifications mais l’auteur la déroule tellement bien qu’elle semble limpide.

Le premier chapitre nous met d’entrée dans le bain. Il est certes assez violent mais il est nécessaire pour mieux appréhender la suite.

Car ce polar c’est aussi une mine d’informations sur les évènements qui se sont déroulés au Rwanda dans la première moitié des années 90. Le génocide rwandais est parfaitement expliqué, son environnement politique également. Tout le monde, sauf peut-être les plus jeunes, a entendu parler des Hutus contre les Tutsis. Mais le contexte réel m’était complètement inconnu et j’ai trouvé très enrichissant d’en apprendre beaucoup plus. Car la plaque tournante de ce roman est l’association « Abattez les grands arbres », visant à retrouver les bourreaux Hutus.

Ce polar, c’est aussi une histoire d’homme. Vous ferez connaissance avec Donatelli, un personnage puissant et que vous n’oublierez pas de si tôt. Une armoire à glace au cœur tendre, intègre, altruiste, obstiné aussi. Un flic Kanak qui ne pense qu’à une seule chose : être enfin muté dans son île natale. Jusqu’à ce qu’il rencontre Avril, la belle légiste qui va les aider, lui et Six, à mener à bien leur enquête.

Enfin, ce polar, c’est aussi, pour ceux qui ne connaissent pas, une véritable visite guidée de Toulouse. OK, pas ses quartiers les plus chics, mais l’ambiance générale y est parfaitement décrite. Sa douceur, sa chaleur, son esprit festif aussi. Il est vrai que je suis toulousaine donc toutes ces descriptions me parlent plus qu’à d’autres.

Parlons aussi du style. Christophe Guillaumot en à peine deux romans a clairement assis un style percutant, précis et formidablement documenté.

Aucune incohérence dans l’histoire ou l’action. Tout est millimétré pour que le fil ne soit jamais rompu. Une écriture nerveuse qui ralentit parfois pour nous conter cette histoire pas si ancienne ou pour nous laisser apprivoiser le Kanak.

On s’attache énormément aux personnages. Et quand on referme ce roman, ils nous manquent déjà.

Christophe Guillaumot est lui-même policier. Son premier roman, Chasses à l’homme, a obtenu le prestigieux Prix du Quai des Orfèvres en 2009. Il fait également partie de l’équipe du Prix de l’Embouchure, équivalent toulousain du Prix du Quai des Orfèvres, parisien.

Quelques extraits :

Au cours d’une enquête, lorsqu’une piste est mise au jour, le policier tire sur la ficelle pour dévider la pelote et atteindre le nœud du problème. Parfois la ficelle casse. L’opération a néanmoins permis de fermer une porte et peut-être d’en ouvrir une autre. Parfois la chance sourit, et chaque indice conduit l’enquêteur à un nouvel élément qui le rapproche un peu de la solution. Dans ce processus long et laborieux, l’enquêteur ne sait pas encore combien d’étapes seront nécessaires. Tout policier rêve et attend le témoin providentiel, celui qui éclairera toute l’affaire de A jusqu’à Z, celui qui permettra de franchir d’un seul bond toutes les étapes de l’enquête.

 

Le sang ruisselle sur son visage et pénètre dans sa bouche. Un coup sur un genou le fait hurler de douleur. Sa main droite cherche encore à faire chuter une jambe, n’importe laquelle, pourvu qu’il puisse atteindre l’un de ses agresseurs. Mais le talon d’une ranger vient écraser la paume de sa main comme un clou pour une crucifixion. Il entend des rires. Ses yeux sont clos. Son corps n’est plus que douleur. La grille d’entré se ferme. Les hommes cagoulés ont jugé l’avertissement suffisant. Le Kanak relève douloureusement la tête, tend une nouvelle fois sa main ensanglantée en direction des assaillants, comme s’il était capable de les retenir. Ses muscles ne répondent plus aux stimulations de ses nerfs. Son bras retombe mollement, tout comme sa tête. Il perd connaissance.

Le Kanak est à terre.

 

Six déguerpit. Comme un amant s’enfuit pour que la distance ait raison de l’attirance. Le policier court vers d’autres lieux, vers d’autres affaires. Les enquêtes judicières lui paraissent plus saines que l’espionnahe. Il sait maintenant qu’il existe des zones d’ombre, des arrangements avec la justice et avec la vérité, des hommes prêts à toutes les compromissions. Jérôme Cussac, dit numéro Six, vient de grandir.

 

4ème de couverture :

Renato Donatelli est un simple flic. Un costaud, un baraqué, un type qui a quitté son île, la Nouvelle-Calédonie et qui s'acquitte de son job du mieux qu'il le peut, honnêtement, toujours prêt à rendre service, parce que c'est comme ça que Mama Loma l'a éduqué. Les magouilles de la brigade des stups, il refuse d'y participer. Le kanak comme il est surnommé par le reste de la bande est toujours poli mais faut pas venir lui chercher des noises. «Je vais te laisser le choix...» C'est toujours comme ça qu’il commence quand le mec en face se met à le gonfler. «Soit tu passes ton chemin, soit je te mets une gifle amicale !» Alors quand il tombe sur une famille dépecée à coups de machette, il se fait un devoir d'élucider cette boucherie, d'arrêter les massacres même si tout le monde tente de l'en dissuader. Aidé d'un jeune freluquet fraîchement sorti de l'école de police et d'une médecin légiste collectionneuse de cartes postales, le kanak va remonter la piste d'une vengeance, d'un génocide africain où les bourreaux d'hier sont les victimes d'aujourd'hui.

Editeur : Editions Cairn (1 octobre 2015)

Collection : Du noir au Sud

Prix : 13.50 euros

ISBN-13: 978-2350683966

 

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Commentaires
L
Je viens de le finir, je plussoie, c'est de la balle. Et forcément j'ai un faible pour Donatelli et son île (malgré quelques clichés un peu faciles). Par contre j'ai un peu de mal avec Renato Donatelli, ça fait pas très "kanak" comme nom...<br /> <br /> Il me tarde de lire le suivant.
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