Je le dis et le répète sur les réseaux : les romans n'ont pas de date de péremption et fouiller dans le fond d'une maison d'édition c'est retrouver des trésors qu'on aurait pu ignorer.

C'est le cas avec La tristesse des éléphants, certainement le roman le plus beau, le plus saisissant que j'ai eu à lire ces derniers mois. Un roman qui fait partie de ceux qu'on n'oublie pas.

Dans ce petit bijou, l'auteure alterne entre plusieurs personnages.

Jenna. C'est une adolescente de 13 ans dont le père est interné dans un hôpital psychiatrique depuis la disparition de sa femme 10 ans plus tôt. Jenna a grandi chez sa grand-mère mais est persuadée que sa mère est vivante et se met en tête de la retrouver.

Virgil. Virgil est un ancien flic qui a enquêté sur un meurtre qui a eu lieu dans un refuge pour éléphants. Ce meurtre coïncide avec la disparition de la mère de Jenna. Devenu détective privé, Jenna le persuade de l'aider dans ses recherches.

Serenity. Serenity est une voyante qui a perdu tous ses dons de clairvoyance. Mais Jenna croit en elle et l'embarque dans sa quête de vérité.

Alice. Alice est la mère de Jenna. Quant Jodi Picoult lui laisse la parole, elle nous raconte sa vie avec les éléphants, en Afrique du Sud puis aux Etats-Unis. Elle nous parle des massacres perpétrés par les braconniers mais pas seulement. Alice nous décrit des animaux sauvages, géants, mais aussi sensibles, démunis face à la perte d'un enfant ou d'une matriarche.

Ces quatre voix alternent dans ce roman choral. A la leçon de psychologie animale succède une enquête menée par trois personnages atypiques et cette partie-là vous fait sourire, voir rire quand la première vous touche en plein coeur.

La style est superbe et sait s'adapter à chacun des personnages. Les parties s'attardant sur les éléphants sont passionnantes et quand on fouille un peu sur le net, on se rend compte du travail de recherche qui a été effectué par l'auteure pour dépeindre aussi bien le quotidien des animaux en liberté ou semi-liberté mais aussi hélas de ceux qui sont dans des zoos ou, encore pire, dans des cirques.

Et, sans vous dévoiler quoi que ce soit, la fin est totalement inattendue mais de celles qui me comblent. C'est un coup de génie même si, et c'est extrêmement rare, j'ai refermé ce livre avec des larmes aux yeux.

C'est un véritable trésor à lire chez Actes Sud et en poche chez Babel.

Une traduction de Pierre Girard.

Résumé éditeur :

Jenna avait trois ans quand a inexplicablement disparu sa mère Alice, scientifique et grande voyageuse, spécialiste des éléphants et de leurs rituels de deuil. Dix années ont passé, la jeune fille refuse de croire qu’elle ait pu être tout simplement abandonnée. Alors elle rouvre le dossier, déchiffre le journal de bord que tenait sa mère, et recrute deux acolytes pour l’aider dans sa quête : Serenity, voyante extralucide qui se prétend en contact avec l’au-delà ; et Virgil, l’inspecteur passablement alcoolique qui avait suivi – et enterré – l’affaire à l’époque.