Si je trouve habituellement les romans traitant d'écologie assez fades et tous trop similaires les uns aux autres, Frappabord, lui, se démarque résolument.

1942 - sur Grosse-Île, au Québec, des militaires aidés de scientifiques, travaillent sur les virus et autres bactéries mortelles afin de créer les plus efficaces des armes bactériologiques. Peste, anthrax et autres joyeusetés sont inoculés à des cobayes chargés ensuite de les disséminer. Parmi eux des mouches, appelées Frappabord.

Plusieurs décennies plus tard la canicule sévit au Québec, les frappabords se multiplient grâce à la chaleur, ils se glissent partout et mordent douloureusement leurs proies. Car les Frappabord sont rapides, avides de sang et surtout intelligents, dotés d'une ténacité à toute épreuve et d'une rage inégalée envers l'homme qui a réussi à tout détruire : la faune, la flore, le climat et lui-même en fin de compte.

Dans ce brillant roman, trois narrateurs se succèdent dans deux époques différentes.

Chaque partie est débutée par les pensées d'une Frappabord qui a choisi comme proie Théodore. Elle nous livre des pensées souvent sensuelles mais derrière lesquelles flotte un parfum de vengeance.

Théodore lui se démène pour rendre les derniers jours de vie de son grand-père moins difficiles et accepte de l'accompagner dans un ultime périple sur Grosse-Île.

Enfin, en pleine Seconde Guerre Mondiale, sur cette même île, les pires expériences sont menées à des fins destructives.

Basée sur des faits ayant vraiment existé et, ne nous voilons pas la face, se déroulant toujours, je parle des recherches sur des armes biologiques, cette histoire est racontée comme un roman d'aventure qui pourrait fleurter avec le thriller scientifique. L'angle de vue est très original et j'ai beaucoup aimé me glisser dans les pensées d'un Frappabord même si je vais peut-être commencer à me méfier des mouches, moustique et taons de ma campagne.

Des romans parlant d'écologie de cette manière, moi, j'en redemande !

A lire absolument chez La Peuplade.

Résumé éditeur :

"Province du Québec, 1942. Sur Grosse-île, dans le fleuve Saint-Laurent qu'arpentent les sous-marins allemands, les gouvernements américain, britannique et canadien mettent en place un projet top secret. Des dizaines de scientifiques y sont réunis dans la plus grande discrétion, afin de mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Des décennies plus tard, à l'occasion d'un épisode de canicule d'une ampleur inédite, des accès de rage bousculent la petite ville de Montmagny et ses alentours. Elle semble se propager comme une épidémie à mesure que les frappabords se multiplient. Mireille Gagné fait preuve d'invention dans ce deuxième roman, un livre écologique, subtil et haletant, qui nous recommande d'écouter ce que le vivant essaie de dire : l'équilibre est un état à retrouver. Vous auriez probablement ressenti de la nausée en nous voyant surgir sur les berges du Saint-Laurent : une nuée de frappabords, en une seule main sombre et vorace, caressant les herbes hautes au lever du soleil."